L’amnésie traumatique

En médecine, l’amnésie est une perte de mémoire, totale ou partielle. Ainsi en psychiatrie, on parlera de « perte de la mémoire qui se marque notamment par l’impossibilité de se rappeler des expériences passées alors qu’on en cherche l’évocation « . Je vous passe les différentes types d’amnésie en médecine, c’est passionnant mais ce n’est pas le sujet ici.

Les amnésies (perte de souvenirs) sont bien connues et décrites depuis le début du XXème siècle avec les études relatives aux soldats de la première guerre mondiale.

Dans les années 80 est apparu un phénomène lié aux « souvenirs retrouvés », souvenirs négatifs surtout d’agressions sexuelles. Des tonnes de méthodes thérapeutiques sont alors nées afin de permettre aux ex victimes potentielles de retrouver leurs souvenirs. Et d’en créer. Au point qu’on a vu surgir des souvenirs liés à des abus par des extra-terrestres… En effet, il est très facile de suggérer des souvenirs à des personnes soient fragiles soient en attente de réponses.

Ce type de « souvenir provoqués » a fait mettre de côté une réalité psychiatrique (et psychologique) : la notion d’amnésie traumatique.

Il s’agit d' »oublier » les événements qui ont générés un trauma. Cela peut se produire de plusieurs façons : d’un point de vue purement physiologique, le choc subit a « déconnecter » le fonctionnement cérébral et quelques secondes n’ont pas été enregistrées dans la mémoire. Ces secondes ne seront jamais retrouvables puisque non codées. Reste néanmoins la mémoire du corps. J’y reviens un peu plus loin. En psychologie et en psychiatrie on va parler d’amnésie traumatique dans la mesure où il y a bien eu codage mais les événements ou les ressentis sont refoulés. Ils sont bien mémorisés mais non accessibles spontanément. La victime soit ne se souvient de rien, soit parle de « trou noir » (avec l’idée qu’il y a certainement quelque chose, mais quoi ?).

Le corps lui tend à se « souvenir ». Parce que le corps était là.

Comme je l’explique souvent à mes patient.e.s, lors d’un événement choquant il y a souvent sidération. Pour simplifier, j expliquerais cela comme le fait de ne plus pouvoir agir et réagir, avec une déconnection du psychisme qui va se planquer dans un coin du cerveau et qui laisse le corps se débrouiller dans une situation vécue comme violente et destructurante. Le corps n’étant plus « commandé » subit ou obéit. Cela permet de supporter le choc et de survivre. Le psychisme fait comme si il ne savait as vraiment ce qui s’est passé, le cerveau sait et le corps sait et à envoyé des infos au cerveau qui a mémorisé les ressentis corporels. Donc si il reste des « souvenirs » au patient, ce sera surtout en terme de ressenti corporel (et souvent de somatisations diverses avec douleurs). Le psychisme lui ne se souvient pas (enfin plutôt il croit ne pas savoir, pourtant le cerveau pourrait lui dire puisque c’est bien encodé). Les souvenirs existent donc bien, mais leur accès est complexe voire impossible de prime abord. C’est ce qu’on appelle l’amnésie traumatique.

Si vous avez lu les articles sur ce blog, vous savez aussi que dans des circonstances choquantes, se créé un trauma qui peut, la plupart du temps, donner lieu à la mise en place d’une ou de plusieurs dissociations traumatiques. Dans l’amnésie dissociative, il y a donc une partie du psychisme qui sait (celle qui a subit) et une qui ne sait pas (celle qui a continué à vivre sans se préoccuper du trauma mais qui en subit les séquelles néanmoins). L’amnésie dissociative traumatique est indiquée dans le DSM et fait partie intégrante de l’état de stress post-traumatique (ESPT).

Les patient.e.s peuvent donc continuer leur vie comme si de rien n’était tout en ne comprenant pas pourquoi ils ne vont pas bien (et en présentant les troubles classiques de victimation).

Les souvenirs peuvent resurgir dans énormément de situations : évocation d’une scène ressemblant à l’événement traumatique, une odeur, etc… mais aussi bien sûr en psychothérapie. Les souvenir traumatiques peuvent surgir 1 mois comme 40 ans plus tard….

Ce qui doit être clair, c’est qu’en fait le patient SAIT. Mais ce qu’il sait soit ne lui ai pas accessible, soit il refuse de le voir. C’est un peu comme passer dans un couloir où il y des portes et des étiquettes sur les portes et faire semblant de ne pas lire l’étiquette sur une des portes. Il y a bien une porte, il y a bien une étiquette mais surtout surtout il ne faut pas la voir et surtout pas lire ce qu’il y a d’écrit car le faire serait trop douloureux. Et la plupart des patients expliquent bien qu’en fait ils ont peur de ne pas supporter ce qu’ils vont découvrir, peur de se destructurer, voire peur de mourir… C’est à dire les peurs qu’ils ont ressentis pendant l’événement traumatique.

Sauf qu’au moment de leur psychothérapie ils n’ont plus l’âge qu’ils avaient au moment du trauma. Et si en effet au moment où cela est survenu le risque de ne pas supporté psychiquement était avéré (surtout si cela survient tôt dans l’enfance), ce n’est plus le cas aujourd’hui où leur cerveau et leur psychisme ont pris de la maturité et sont aptes à supporter -même si cela va être douloureux et très remuant- la réalité.

Vous lirez à droite à gauche pas mal de demandes de reconnaissance par les professionnels de santé de l’amnésie traumatique. Je ne sais ce qu’il en est des médecins (enfin j’ai une idée…) mais les psychologues comme les psychiatres connaissent ce trouble depuis longtemps. Faut il encore y avoir été confronté et savoir le reconnaître. Je dois avouer que nombre de mes patient.e.s trumatisé.e.s dans leur enfance par diverses violences me racontent que leur « psy » précédent n’a jamais vu leur dissociation. Nous savons, pour en avoir discuté ici, que certains patients ne dissocient pas devant tout le monde. Donc soit le patient se débrouille pour ne pas dissocier devant son psy soit le psy ne voit rien. Et par expérience personnelle, je peux vous assurer que les dissociations se cachent bien mais qu’elles sont en fait toujours visibles pour qui « voit ».

Je terminerais avec un avertissement. Il existe aujourd’hui plusieurs associations qui sont en conflit pour savoir qui va s’approprier soit la notion d’amnésie traumatique (ou d’amnésie dissociative) soit les ex victimes en souffrance. La connaissance de ce mode de protection doit être connue des professionnels de santé c’est évident, mais je vois passer des dérives sectaires, des querelles d’égo qui n’aident en rien les anciennes victimes d’abus et agressions diverses, bien au contraire. Méfiez vous… surtout de la médiatisation à outrance. Et prenez conscience que les souffrances des victimes est un marché à part entière que certains s’arrachent.

Et n’ayez pas peur… Vous souvenir, c’est sans doute replongez dans la vase, mais vous avez aujourd’hui le force psychique d’avancer sur votre chemin.

ajout : je ne voudrais surtout pas laisser croire que ce chemin est en ligne droite, facile et rapide… non non non. Et chaque personne le parcoure à son rythme.

Domptez le monstre qui est en vous !

45 réflexions sur “L’amnésie traumatique

  1. Cet article tombe à pic. C’est le sujet actuel avec ma psy. Elle m’encourage à creuser. Je pense qu’en remuant la vase on risque surtout d’y voir trouble… (Forcément, je venais pour toute autre chose au départ, mais elle a le chic pour m’emmener où je ne veux pas aller. )

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  2. Et si on en a pas la force ? Si on est trop faible ?
    Vous expliquez que la force on l’a, mais il peut arriver qu’on ne l’est pas ? Nous ne sommes pas tous egaux j’imagine

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  3. L’amnésie traumatique, en tout cas comme je la vis, n’a rien à voir avec une amnésie comme ne plus se rappeler où on a mis ses clés. Quand on commence à se souvenir (merci la psychothérapie :)), on se demande si ça s’est vraiment passé, si ce n’est pas un film qu’on a vu ou un livre qu’on a lu parce qu’on n’a pas l’impression de l’avoir vécu. C’est comme du déjà vu mais qui ne serait pas la réalité. C’est très difficile à expliquer comme ça. J’ai écrit un texte qui s’appelle de l’amnésie à l’anamnèse et qui raconte le début de ma psychothérapie, comment j’ai réussi à me souvenir et comment ça m’a aidé. C’est un peu long aussi je le mets dans un autre commentaire comme ça, Vergi, tu n’es pas obligé de le publier si ça ne va pas.

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    1. C est une façon de minimiser la réalité car elle paraît insupportable. Mais surtout c est une dissociation qui l a vécu alors l Autre (ou les Aiutres) n a été que « spectateur », observateur…

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      1. C’est tellement angoissant de penser à la dissociation ! A la dernière séance d’EMDR, je n’ai même pas été capable d’aller jusqu’au bout alors que ça me faisait bien avancer jusque là. Mais ça va aller ou ça veut dire que je suis allée au bout de ce que je suis capable de faire et j’ai déjà fait énormément donc sans regret ! D’ailleurs, ça peut être intéressant que tu évoques l’EMDR en lien avec l’amnésie traumatique …

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        1. Y a pas de lien. L EMDR n est pas de l hypnose. C est une technique de réintégration des souvenirs traumatiques, d9nc il faut se souvenir AVANT de faire de l EMDR.
          Mais il n est pas rare que lors de la reintegration, la place psychique laissée permette l aperçu d un souvenir jusqu à là écrasé…

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  4. Je faisais le lien entre l’EMDR et l’amnésie traumatique dans le sens où, de par mon expérience qui n’est pas une généralité, l’EMDR permet de diminuer l’angoisse générée par le caractère insupportable du souvenir traumatique et par là favorise non seulement son émergence mais la capacité à le dire. Celà dit, je me demande parfois si c’est la technique de l’EMDR ou l’expertise de ma psy qui m’apaise. Sans doute la combinaison des deux.

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  5. Je me suis justement autorisé à aller dans la vase comme vous dites. Même si dans un premier temps ce m’a soulagé, je me suis rendue compte que finalement c’était pas si horrible que ca de parler de ces souvenirs, mais aprés j’ai eu un horrible cauchemars.
    Le plus interpellant est que j’ai mis mon psy dans ce cauchemars. Je me demande comment ca se fait?. Mais pas le petit détail d’un cauchemar, du genre je revis la sensation de mourir dans le rêve et c’est mon psy qui m’agresse. c’est impressionnant. Est ce que c’est pcq j’ai partagé des évéments avec lui ? En tout cas c’est perturbant, rien que penser a la prochaine séance me fait partir en angoisses, c’est horrible. ( mais ca va un peu mieux plus les jours passent)
    C’est normal ce genre de réaction en thérapie?

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    1. Oui. Le psy qui permet de revivre les scènes traumatiques est perçu comme un agresseur (puisqu il fait revenir l horrzur). Et en second, le psychisme est malin, son but justement de faire percevoir le psy comme un agresseur pr que le patient mette fin à sa thérapie, car l inconscient fait tout pr que ca ne « remonte » pas…. tout est bon dans la manipulation pr ne pas se souvenir, pour se taire… ça passera, ms ca peut durer qq temps. Il faut en parler au psy.

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  6. Le psy m’avait indiqué qu’en m’allongeant sur le divan je m’autoriserais à dire ce que je ne pouvais pas dire en face à face lui semblait-il. En effet, le sujet des violences sexuelles subies étaient trop difficile pour moi. A chaque fois que j’essayais c’était comme une radio qui se brouille et où on cherche la fréquence. je bafouillais, perdais le fil etc… En étant allongée au départ j’étais pas à l’aise, très à l’affut de ce que le psy pouvait bien faire derrière moi. Attention je ne le soupçonnais pas de faire autre chose, pas du tout. C’était plus intérieur, plus une réactivation de l’état d’alerte dans lequel je me mettais lorsque je ne savais pas si on allait débarquer dans ma chambre. Du coup, ça n’a pas tardé à faire remonter sans problème ce que j’ai vécu et je l’ai pris de plein fouet. Certaines séances j’étais même « partie » dans la pièce où ça se passait, avec les sensations qui vont avec … Et j’ai rien dit au psy parce que je me disais que j’étais pas normale, que c’était une réaction « pathologique », dans le sens où je n’aurai pas supporter que le psy me dise « c’est bizarre ce que vous ressentez, ça relève de la psychiatrie » je ne voulais pas en plus basculer dans l’idée que je pouvais être « étrange ». Très vite j’en ai voulu au psy. De tout. D’avoir dit que ce serait mieux allongé, d’avoir pas volé à mon secours ni à ma détresse intérieure, d’avoir pas vu mon état (mais qui était invisible puisqu’allongée je sors aussi de son champ de vision, il ne voyait plus ni mon visage ni mes réactions et comme je sais très bien retenir mes larmes etc, j’ai bien constaté qu’il ne pouvait pas prendre la mesure de ce qu’il se passait intérieurement pour moi). Chaque séance était une souffrance intense. Tout me revenait et 30 minutes plus tard j’étais hors du cabinet toute seule à gérer ça (enfin à ne pas gérer justement). Un jour, j’en pouvais plus, je lui ai dit qu’on ne se comprenait plus que je ne comprenais plus où on allait et j’ai mis fin au truc.
    Puis j’ai réenfoui tout ça. Et là je suis perdue, je n’ai toujours pas digéré complètement les viols répétés par 2 membres de ma famille étant enfant et jusqu’à l’adolescence. Je n’ai plus aucune idée de ce qui serait bien ou bon pour moi par rapport à ça. Il y a encore de la souffrance (cauchemars, crises de pleurs après un rapport avec mon mari parce que ça me renvoi directement dans les ressentis de l’époque etc)

    C’est comme si je me souvenais à moitié et à la fois comme si j’oubliais à moitié.

    J’ai une question peut-être bête mais ça me travaille beaucoup : Est-ce qu’il est important de réactiver ses souvenirs liés à un trauma pour mieux en sortir?

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    1. Réactiver n est pas le terme. Ces souvenirs sont toujours actifs, que tu les voies ou pas. Y faire face, je te dirais oui car il faut accepter la réalité. Ca a existé, ca a impacté et ca impacte encore.
      Quand tu écris « ce qui serait bon ou pas pour moi par rapport à ça », je ne sais pas ce que tu veux dire. Tu as été voir un psy pour ces agressions, donc tu ressentais qu il fallait travailler sur cet épineux sujet.

      Faire allonger qq 1 qui a vécu des agressions sexuelles n est pas le meilleur moyen, car allongé le patient soit se retrouve ds la position liée aux abus, soit se sent en danger… c est pas top. Tu ne parlais pas ? Pas grave, ça serait venu plus tard.
      Et pour les dissociations traumatiques, si ça ne se voit pas ca s entend…

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      1. Je te remercie.

        Désolée, je me rends compte que ce n’est pas très clair mon « ce qui serait bon ou pas pour moi » . D’ailleurs c’est un de mes problèmes. J’ai l’impression d’être détaillée qd j’évoque ces évènements là et en fait mon discours ne reflète pas ce que je crois en dire/écrie.
        C’est que je me demande « est-ce que je peux juste continuer comme je tiens jusqu’à présent et ne pas gratter plus loin car je vais m’effondrer plus encore » « est-ce que je dois trouver un moyen de décrire tout ce que j’ai vécu car je ne l’ai pas encore assez fait » « est ce que je dois aborder mon quotidien tout simplement et si qq chose dans mon discours apparaît qui éventuellement renverrait au trauma pousser plus loin » « est ce que c’est toujours une psychothérapie classique dont jai besoin? Je suis assez prudente sur l’emdr hypnose etc.. je n’ai pas envie mais si ce sont de bonnes techniques peut-être qu’il me faut dépasser mes appréhensions »
        Ca rejoint d’ailleurs ce que tu évoques en tout premier point sur « y faire face ». « Ca a existé, ça existe et ça existe encore ». Parfois je me dis que si je remets le couvercle sur tout ça, finalement, je souffre à certains moments mais à d’autres je tiens et mon quotidien n’est pas troublé. Et puis ensuite, je vois bien que des angoisses remontent et qu’elles prennent leurs origines suite à ce traumatisme. E tlà je veux avancer et atténuer la souffrance qui y est liée.
        je vais retourner lire tes articles sur la dissociation. Je vais creuser la question.

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        1. Si tu le permets, Lilou, j’aimerais partager avec toi mon expérience de l’EMDR. J’ai un premier psy génial mais pas du tout spécialisé dans les traumas donc qui n’a pas les outils nécessaires pour m’aider de ce point de vue-là (désolée de te dire ça, mais ton psy qui te fait allonger sur un divan alors que tu as été victime de viol, c’est une immense aberration. Disons que c’est juste un manque de connaissance de sa part, je pense.) être accompagnée par une professionnelle qui est spécialiste des traumas, ça change tout. Dès le premier entretien, elle a tout de suite cerné ma problématique (à peu de choses près, il n’y a pas 36 000 façons de vivre un SPTC.) Comme toi, je ne pouvais pas parler et je dissociais dès qu’il fallait évoquer les faits. Ma psy sait tout à fait reconnaître ces moments, les prévenir ou les gérer de sorte que jamais je ne suis partie de son cabinet en me sentant mal (ça vient après, dans la semaine, lorsque le travail continue mais ça, c’est normal et gérable grâce aux outils qu’elle me donne pour ça). L’EMDR, ce n’est pas un truc mystique ou ésotérique (je n’aime pas du tout ce genre de chose). Ce n’est pas de l’hypnose non plus. C’est un magnifique outil qui t’aide à aller mieux (je n’ose pas dire comme par magie parce ma psy dit que la psychothérapie, ce n’est pas de la magie !). Voilà. Je n’ai pas de conseils à te donner et je ne le fais pas. C’est juste un petit partage d’expérience. Je te souhaite d’aller mieux et de trouver le/la professionnel.le qui saura d’aider à être plus sereine. Bien amicalement.

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        2. Bonjour Becky 🙂
          merci pour ton partage d’expérience! C’est très intéressant pour moi de lire ton expérience positive.
          Comment as-tu procédé pour connaître les coordonnées de ta psy spécialisée dans les traumas?
          Ma plus grande inquiétude c’est de me tromper de professionnel, de tomber sur qq’1 de peu compétent et d’en souffrir (tout ça est lié à ma problématique aussi : faire confiance à l’autre, accepter de me livrer sans me sentir en danger etc).
          En tout cas, merci vraiment pour ton retour!

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      2. Bonjour,
        Quand vous dites que ça s’entend, est ce parce que le patient change sa voix? S’il se met à chuchoter ou on l’entend comme si c’était la voix de quelqu’un d’autre?

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  7. ça me fait plaisir, Lilou, que mon expérience puisse t’intéresser un peu. J’ai rencontré mon psy principal dans un centre d’aide pour les personnes obèses (j’étais hyperphage). Durant la première année, je t’avoue que nous n’avons pas travaillé sur ma problématique mais nous avons construit l’alliance thérapeutique (oui, comme toi, j’ai du mal à faire confiance !). Il a été juste incroyable de patience et de professionnalisme. J’ai testé le lien de toutes les manières possibles mais il a tenu bon (je suis partie, je suis revenue, je suis repartie, il m’a rappelée, je ne disais que des banalités en séance, il a employé des trésors d’ingéniosité pour me permettre d’écrire puis de dire et c’est lui qui m’a montré que ce que j’avais vécu n’était pas normal). J’ai fait un transfert affreusement fort qu’il a merveilleusement géré et aujourd’hui, cela fait deux ans et demi que nous travaillons ensemble et je lui fait 100% confiance parce qu’il m’a prouvé que c’était important pour lui que j’aille mieux mais qu’il savait tenir le cadre et que je pouvais compter sur lui (je peux lui envoyer des SMS et des courriels et lui demander des rendez-vous d’urgence si je fais une crise mais je n’en abuse pas). Il a déterminé de quoi je souffrais et c’est lui qui m’a orienté vers une spécialiste des traumas qu’il connaissait bien et qui pratique l’EMDR.

    Voilà. ça ne va pas t’aider beaucoup puisque ma rencontre avec mon psy principal est due au hasard et avec ma psy EMDR sur recommandation. Mais peut-être que si tu fais confiance à ton médecin de famille, tu peux lui demander de t’orienter vers un.e professionnel.le qui te conviendra. Si tu es dans le Nord, je peux te donner l’adresse de ma psy 😉 Si tu choisis un.e psychologue (pas psycho machin chose) qui est affilié.e à IFEMDR ou EMDR France qui sont deux organismes sérieux de formation de professionnel.le.e, ça réduit d’autant les risques de tomber sur quelqu’un.e incompétent.e ou malveillant.e.

    En tous cas, je te souhaite de rencontrer un.e professionel.le qui te conviendra et t’aidera à avancer à ton rythme. Si tu veux bien me tenir au courant, ça me fera très plaisir d’avoir de tes nouvelles. Je t’envoie plein d’amour. Bon courage et c’est déjà hyper courageux ta volonté de te lancer dans une psychothérapie pour travailler sur tes traumas !

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    1. Bravo pour ton parcours positif et ta persévérance sur ce chemin du travail psychothérapeutique 🙂
      Je ne suis pas dans ta région mais je te remercie fort chaleureusement pour ta proposition !
      J’ai effectué deux psychothérapies. L’une avec une psychiatre qui me recevait 20 minutes et où elle ne disait rien… Mais rien du tout du tout. J’avais 14 ans et le sentiment de donner bonne conscience à mes parents plutôt que de me faire aider… Du coup, ça compte pas vraiment car ce n’était pas une psychothérapie au final. J’ai trouvé un psychologue avec qui j’ai avancé sur des questions très pratico-pratiques sur la question de faire confiance sur la durée aussi. Ça a été très positif mais effectivement, il semble ne pas être le meilleur professionnelle pour accompagner les trauma d’ordre sexuel. Il me l’a dit d’ailleurs que c’était difficile en tant que thérapeute de ne pas dire quelque chose qui fasse souffrir alors que j’ai besoin qu’il se positionne en « roc » face à ça, en tout cas d’en avoir la certitude. J’ai besoin de quelqu’un que je ne sente pas « touché » de trop près par l’émotionnel ou la gène ou je ne sais quoi.Il faut que la personne en face soit plus forte que la fragilité que ce que je ressens par rapport aux événements qui ont eu lieu.

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        1. Vergi, en tout cas, j’ai changé de psy ^^.
          Après, je livre ici la façon dont j’ai vécu les choses avec ce qu’il m’a dit… Peut-être qu’il faut lui laisser le bénéfice du doute de l’intention qu’il y a mis lui et comment je l’ai reçue.
          Le problème c’est qu’effectivement, ça me bloque un peu dans ma décision de franchir à nouveau la porte d’un cabinet. A suivre pour moi.

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      1. @Lilou, permets-moi de te dire que je trouve que tu analyses avec beaucoup de lucidité ton parcours psychothérapeutique et que tu as l’air de savoir exactement ce que tu attends du / de la professionnel.le que tu vas choisir pour t’accompagner. Ce n’est pas donné à tout le monde et ça va certainement être un atout sur ton chemin vers le mieux-être.

        Je sais que ça choque toujours Vergi d’entendre parler de psy qui ne sont pas capables d’aborder des problématiques sexuelles mais je crois qu’il y a plus de psys qui ne gèrent pas leur contre-transfert devant ces cas-là que le contraire 🙂

        Je te souhaite de trouver rapidement le.la psy qui te conviendra puis de prendre le temps qu’il faudra pour atteindre tes objectifs. Je serai très contente si tu acceptes de donner des nouvelles.<3

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        1. Ca ne me choque pas, je dis juste que si en tant que psy tu n es pas capable d entendre parler de sexualités ou de l aborder en long en large et en travers il faut changer de métier. D autant que tu en entends parler durant tout ton cursus. Mais j ai supervise qq jeunes psychologues qui de toute évidence avaient subis des violences sexuelles et qui avaient espérer régler leurs problématiques en devenant psy. Raté.

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  8. Article très intéressant Vergi, ainsi que vos commentaires dont le dernier de Vergi.
    Justement un psy pour ne pas être parasité par l’histoire de ses patients ou plutôt futurs patients ne sont ils pas obligés de faire un travail sur soi pour être « équilibré  » ou plutôt comme un roc et neutre émotionnellement?
    Je me demande justement comment le psy peut gérer autant d’histoires lourdes sans avoir la besace lourde en fin de journée ou être en empathie émotionnellement ?

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  9. Si avant de se rappeler du trauma,lors de relations sexuelles,c’est le (corps?)qui prenait le contrôle qui s’amusait, prenait du plaisir ou pas parfois mais gérait la relation d’une manière un peu automatique qu’on voyait de très loin (dissociée ?).Puis on traite la mémoire,les traumas,on réintègre le tout,….Mais du coup,il n’y a plus de raison de séparer le corps et l’esprit lors de relations sexuelles et on est bien là.Ce qui est nouveau et donne l’impression de ne pas savoir quoi faire,un peu comme si c’était les premières fois et qu’il fallait découvrir son corps et celui de l’autre,ça ouvre sûrement beaucoup de possibilités mais ça pose aussi la question de ce qui au final est le mieux ou le plus normal ou le plus simple sans compter le partenaire qui comprend pas pourquoi changer ce qui marchait bien avant.on n’en a jamais finis de reconstruire et ça touche à tous les pans de sa vie?

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      1. Je serai intéressée de le voir alors .Désolée,je pose trop de questions et encore ce n’est qu’une petite partie de celles que je me pose.je lis un livre sur les expériences de mort imminente avec les mécanismes neurologiques qui pourraient être en jeu et les nombreuses questions sans réponses mais sortir de son corps et le voir d’en haut ça arrive dans les stress intenses aussi sans risque de mourir alors réponse neurologique ou le mort qui a peur et veut vous emmener avec lui …Va falloir que j’arrête de vouloir tout comprendre et passer à autre chose mais plus facile à dire qu’à faire.

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        1. J ai prévu unbarticle en reponse. Patience… il y a pas mal d experiences scientifiques sur la dernière seconde avant la mort (constatée et non declarée). Le cerveau ne cesse pas de fonctionneri nstantanement après l arrêt du coeur. Il y a même une recrudescence de vie ds le cerveau, ce qu on appelle « la vague bleue » mesurable et mesurée. Cette hyperactivité qui « illumine » le cerveau pourrait expliquer les EMI ainsi que l impression de hoir sa vie défiler chez ceux qui sont réanimés.

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  10. Pour avoir déjà réanimé pas mal de monde principalement des enfants mais ça ne change rien, il y a la théorie pour savoir quand on considère que la personne est morte(mort cérébrale ou arrêt cardiaque)mais dans les faits ,il n’y a pas de dernière seconde avant la mort.C’est plutôt un processus pour moi ce qui rend difficile la décision d’arrêter le massage cardiaque pour les médecins, on arrête après combien de minutes 15, 30? oui mais c’est un enfant,oui mais il est en hypothermie oui mais le pH sanguin n’ est pas encore catastrophique.Ou alors parfois on sait qu’on ne le récupérera pas mais on masse en attendant les parents,n’est il pas déjà mort ?il est bleu quasi noir on a plus de saturation en oxygène ni de rythme cardiaque depuis un moment mais pour qu’ils voient qu’on a tout tenté ou pour qu’on puisse le baptiser si ils veulent ou pour qu’ils soient la au moment du « décès »,on continue encore un peu à tord ou a raison…ce qui est étonnant,c’est qu’en état de choc le corps garde le peu de ressources qu’il a pour les organes principaux et a la fin le cœur et le cerveau mais ou trouve t’il l’énergie pour la recrudescence alors? Peut être en stoppant certaines zones du cerveau et que certains filtres du cerveau sautent et donnent ces « visions »,c’est la théorie de mon bouquin.Le cerveau est encore un grand inconnu et la vision globale de toutes les interactions dans un humain,on est loin d’y être et la médecine a tendance plutôt a découper par organe ,un vrai n’importe quoi

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    1. Nous ne sommes qu un système electrique… Il reste tjrs de l électricite statique. Il semble, d après la biologie, que quand le cerveau pense que le corps meurre il envoie des endorphineset de la noradrenaline ce qui crèe des hallucinations.

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  11. « Vous avez la force » … je ne crois pas, non. Je viens d’apprendre qu’en plus du trouble de la personnalité limite, j’aurais un trouble de la dissociation. Il faut que je vois ça avec un.e nouveau psy. J’en ai trouvé une (psychiatre) qui prend près de 200 euros la séance de 50 mn. 200 euros ! Qui se paye des séances de 200 euros ? C’est génial : tu apprends du même coup que tu es folle mais qu’il n’y a personne pour t’aider. Je suis fatiguée 💩

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    1. Tu peux aller voir un.e psychologue pour travailler sur tes dissociations. J avoue les tarifs augmentent… mais certains exagèrent. Qd on voit que n importe quel charlatan prend 150€ sans etude, sans formation et qu il fait le plein, les psys se questionnent sur le fait de plafonner leur tarif à moins de 100 € Et puis les psychiatres tablent sur 2 faits : 1. Une partie du tarif relêve du 1/3 payant et 2. les gens ont des mutuelles qui remboursent le reste à charge. Donc puisque ca devient « gratuit » pr le patient autant en profiter (mais c est la Société qui paie)

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      1. Pas faux. Quand je regarde la formation de cette psychiatre, elle a fait son internat de psychiatrie et c’est tout. Ce n’est pas rien, ce n’est pas ce que je dis. Mais elle se dit spécialisée dans une quantité incroyable de troubles et difficultés psychologiques sans avoir fait de formation complémentaire. Pour moi, elle se dit qu’au pire, si la psychothérapie ne fonctionne pas, un petit coup de médoc et c’est dans le sac.

        Bon allez, je suis moins énervée que lorsque j’ai écrit ce message. Mais quand même. Tu as bien écrit « charlatan » et ça me révolte toujours tous ces psy-machin ou truc-thérapeutes qui s’improvisent sauveurs des personnes en souffrance psychique … comme si on avait besoin d’être sauvé.e.s d’autre chose que de leurs bons soins 💩

        Est-ce que toustes les psychologues savent travailler sur les dissociations ? Parce que lorsque je regarde les pages web, personne n’indique ce domaine. C’est très souvent TCC, troubles anxieux, troubles de l’humeur, etc. mais je n’ai jamais vu troubles dissociatifs.

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        1. Non tous les psychologues ne travaillent pas « avec » les troubles dissociatifs parce qu il y en a qui n en ont jamais rencontrés ! Ça paraît un peu dinguo… en fait tous les psys ne reçoivent pas des patients avec des traumas complexes, d abord parce que heureusement ça ne concerne pas la majorité des patients et qu il faut se specialiser dans ces traumas. Tu le vois ta psy ne les prend pas en charge. Ensuite, je crois l avoir ecrit ailleurs, les patient.e.s ne montrent pas leur dissociation à n importe qui ! 😅
          Maintenant il est possible que ta psy souhaite que tu passes des tests pour confirmation ou que tu reçoives un traitement… et ds ce cas c est psychiatre obligatoirement.

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        2. Ah au fzit psychiatrie c est 10 ans d études dont 4 en psychiatrie alors si tu veux elle est d abord et avant tout un médecin hyper formée.. après comme ds tout job y a des bons y a des mauvais…

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        3. Merci de tes réponses Vergi. Sur les suggestions de mon psy adoré, j’ai contacté mon ancienne psy EMDR et elle a accepté de reprendre le suivi sous l’angle du trouble dissociatif. Elle m’a recommandé de retourner voir mon psychiatre (celui qui m’avait prescrit les médocs pour un prix raisonnable) mais elle ne m’a pas dit pourquoi. Je suppose en lisant ton dernier post que c’est soit pour confirmer le diagnostique mais pas pour un traitement j’espère.

          En tout cas, c’est un travail qui me stresse un peu. Quand tu en parles, Vergi, j’ai l’impression que ça coule de source pour tes patient.e.s mais en y réfléchissant bien, je pense que ça ne doit pas être facile d’accepter de faire un tel travail. Je me demande si le jeu en vaut la chandelle. Ne plus être dissociée ? So what ? Qu’est-ce que ça va changer dans ma vie ? J’aime bien toutes ces facettes de ma personnalités parce que c’est moi. Qui je vais être après la thérapie ? J’ai dit à ma psy que je voulais juste la revoir pour qu’on en discute mais je ne me suis pas encore engagée à faire le travail. On verra …

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        4. Bien sur qu elles sont toutes toi mais normalement elles ne devraient être qu une avec ses differentes emotions… mais je me doute de pourquoi elles te font freiner. Bon travail avec ta psy

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        5. J’ai du mal à comprendre tout ça (pas intellectuellement c’est juste que je n’arrive pas à concevoir le principe. Je n’arrive pas à mettre des mots sur ce que je pense donc j’arrête là). Merci pour tes souhaits (je crois que j’ai envie de faire ce travail mais en même temps pas trop. Il va falloir que je me décide 🙄)

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        6. C’est tellement difficile ce travail … Je crois que je suis en train de vivre l’une des pires après séance et pourtant, j’étais à peu près bien en quittant le cabinet hier. Et il est un peu tard alors je n’ose pas texter ma psy.

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    2. Et non, je ne me souviens pas d’avoir lu que tu expliquais que les patient.e.s ne montraient pas leur dissociation à n’importe qui. Conséquemment (j’essaie d’utiliser les variances de Du coup …), comment fait-on pour travailler sur le trouble dissociatif s’il n’y a pas de dissociation ? Et deuxièmement, qu’est-ce qui fait qu’un.e patient.e montre ses dissociations ? Ma psy EMDR en a déjà vu. Mon psy adoré aussi mais il refuse d’en parler. Et de toutes façons, il m’a toujours dit qu’il n’était pas spécialiste des traumas ni des troubles de la personnalité. Et enfin, je ne fais pas systématiquement la différence entre une façon d’être que j’adopte dans une certaine situation et une dissociation. Dans les témoignages que je lis, ça à l’air évident pour celleux qui en font mais moi, je ne trouve pas ça si facilement repérable. Genre, je ne me dis jamais : tiens, là, je suis en train de dissocier. ça me parait évident d’être dans cet état et éventuellement plus tard, je reconnais une dissociation. Mais jamais sur le moment ! Si la psy me dit : je veux parler à votre dissociation machin, ça va vraiment me faire flipper !

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      1. C est ce que je fais ! Et les patients me regardent vomme si j etais dingue. Mais la dissociation répond. J ai qq fois -avec l autorisation du patient- filmé pour montrer ce qui se passe, ce que je vois..

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        1. Et après, tu dois faire pas mal de psycho éducation du coup pour que lea patient.e puisse se sentir à l’aise en quittant ton cabinet … Ma question c’est : dans quel état se trouve tes patient.e.s après avoir été exposé.e.s à cette expérience ? Comment iels vivent le temps avant la séance suivante ?

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        2. Ils sont fatigués en sortant, je leur dis d aller faire une sieste. Après entre 2 séances, c est le temps du patient avec lui même, je n y suis pas !

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